27 Avril 2016
Cela faisait un petit moment que nous n'avions pas pu nous réunir, alors forcément les coups de coeur sont plus nombreux Il a fallu choisir !
Les coups de coeur de Linden
L'arbre du pays Toraja de Philippe Claudel
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence.
Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues "L'Arbre du pays Toraja" célèbre les promesses de la vie.
Ce roman qui parle des doutes sur la vie, du questionnement sur la mort garde de la légèreté malgré le côté profond de la reflexion.
Quand il faut évoquer la mort, nous savons que... nous ne savons rien. Quand il nous faut parler des morts de notre vie - qui vivent encore en nous, habitent notre coeur -, les mots nous manquent. De cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler. Et pourtant, les absents n'en finissent pas d'être présents. Nous en sommes les gardiens fidèles. A travers les entretiens qu'elles ont accordés à Damien Le Guay et Jean-Philippe de Tonnac, sept personnalités acceptent ici de témoigner.
En juin 2005, l'histoire d'un paisible nonagénaire barcelonais fait le tour du monde : Enric Marco, le charismatique président de l'Amicale de Mauthausen, qui pendant des décennies a porté la parole des survivants espagnols de l'Holocauste, n'a jamais connu les camps nazis. Et l'Espagne d'affronter sa plus grande imposture, et Javier Cercas sa plus audacieuse création littéraire. Avec une mise en garde à ne pas négliger : « La littérature n'est pas un passe-temps inoffensif mais un danger public. »
Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser. Prix Renaudot 2016
Amsterdam, février 1941. Le Reichleiter Rosenberg, chargé de la confiscation des biens culturels des juifs dans les territoires occupés, fait main basse sur la bibliothèque de Baruch Spinoza. Qui était donc ce philosophe, excommunié en 1656 par la communauté juive d'Amsterdam et banni de sa propre famille, pour, trois siècles après sa mort, exercer une telle fascination sur l'idéologue du parti nazi ?
A New York, au printemps 2008, alors que l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois. Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d'avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2015.
Lola regrette le temps où son existence était peuplée de promesses et d'illusions, de livres et de discussions enflammées, d'amour et de projets pour bâtir une Espagne démocratique. L'espoir de 1936. Quinze années ont passé et ses rêves se sont envolés. Il ne lui reste de cette époque, à elle et à son mari Matias, qu'une petite librairie dans les ruelles sombres d'un quartier de Madrid. C'est dans ce modeste lieu de résistance culturelle que Lola fait la connaissance d'Alice, une anglaise hantée par son passé et particulièrement par la mort de l'homme qu'elle aimait. Intriguée par un livre en vitrine, Alice entraîne Lola dans une lecture singulière et bouleversante : La fille aux cheveux de lin, l'histoire de Rose, anglaise comme elle, soupçonnée d'être la fille du duc d'Ashford...
Joseph est ouvrier agricole dans une ferme du Cantal. Il a bientôt soixante ans. Il connaît les fermes de son pays, et leurs histoires. Il est doux, silencieux. Il a aimé Sylvie, un été, il avait trente ans. Elle n'était pas d'ici et avait beaucoup souffert, avec et par les hommes. Elle pensait se consoler avec lui, mais Joseph a payé pour tous. Sylvie est partie au milieu de l'hiver avec un autre.
Un petit bijou ! Emouvant, très bien écrit et décrit... M.H Lafon sait toujours aussi bien transmettre le quotidien du monde paysan auvergnat, avec tous ces petits riens qui veulent dire beaucoup...
Une base américaine de la province de Kandahar en Afghanistan. Au loin, on distingue la silhouette d'une femme enveloppée dans sa burqa. Elle est descendue de la montagne en fauteuil roulant, puisque ses jambes ont été arrachées. Elle vient réclamer le corps de son frère, un chef tribal pachtoun abattu lors d'une offensive lancée contre les Américains. L'état-major reste méfiant : s'agit-il d'une soeur endeuillée, d'une kamikaze, d'une envoyée des talibans, d'un terroriste travesti en femme ou d'une tentative de diversion ? Sans jamais prendre parti, l'auteur donne la parole aux différents protagonistes - la jeune femme, l'interprète, le médecin, et plusieurs officiers ou soldats.
C'est un "livre choral", puisque chaque chapitre est consacré à chacun des différents points de vue, sans jugement, d'abord celui de la fille, puis ceux des différents soldats, du médecin, de l'interprète afghan. Chaque chapitre nous narre l'histoire personnelle de chacun, ses réflexions, ses doutes, ses soucis et en particulier, les questions des soldats vis à vis de cette guerre qu'ils font en représailles du 11 septembre mais pour laquelle ils ont de plus en plus de mal à soutenir le gouvernement afghan (qu'ils jugent corrompu) contre les talibans, leurs difficultés à distinguer les talibans des afghans sur le terrain, les tiraillements entre les différents niveaux hiérarchiques militaires dont les responsables se méfient jusqu'au dernier moment de cette fille qui pourrait être soit un piège, soit une kamikaze. La réponse ne nous est livrée qu'à la toute fin et encore, la fin étant très ouverte, le lecteur reste dans le doute. Mais finalement, ce n'est pas le problème, c'est plutôt l'occasion d'interroger les valeurs occidentales et les choix des hommes politiques d'envoyer des militaires sur le terrain qui se retrouvent au coeur de conflits insolubles et parfois troubles. Roman fort, bien construit, très accessible et très humain, que je n'aurais pas choisi s'il ne m'avait été recommandé tant le sujet est grave et difficile.
Un fou de Stendhal et franc misanthrope, reclus dans un hameau de Savoie, est abandonné en forêt par des individus qui l'y ont amené de force en pleine nuit. Une très jolie blonde rôdée à la conduite automobile quitte brusquement une route qu'elle connaît comme sa poche. Un Breton sans histoire, habitué à faire chaque matin la même promenade au bord d'une falaise, trouve sur son chemin deux inconnus qui ont tout l'air de l'y attendre. Mais le lecteur comprend bientôt qu'on n'est pas dans un roman policier classique. Les agresseurs ne sont ni des agents secrets ni des trafiquants. Ils ne s'attaquent pas à des durs mais à des tendres, un ancien routard devenu libraire, une mécène mélancolique, et à une entreprise dont aucun des deux n'avait imaginé qu'elle pourrait fâcher. Qui, parmi les passionnés de roman, n'a rêvé un jour que s'ouvre la librairie idéale ? Non pas ce qu'on appelle une bonne librairie, où l'on trouve de bons romans, mais une librairie vouée au roman où ne sont proposés que des chefs-d'œuvre ? En se lançant dans l'aventure, Ivan et Francesca se doutaient bien que l'affaire ne serait pas simple. Comment, sur quels critères, allaient-ils faire le choix des livres retenus ? Parviendraient-ils un jour à l'équilibre financier ? Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'était le succès.
A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver.
En parallèle de sa réflexion sur les différents arguments qu’on lui présente (elle se rend au chevet du jeune pour l’entendre), le couple de Fiona se délite probablement aussi parce qu’elle est très prise par ces douloureux cas de conscience. C’est une belle réflexion sur la croyance et le fanatisme, les techniques manipulatoires dans les groupes sectaires (sans manichéisme aucun, juste un état de fait, une photographie) mais aussi sur l’amour filial. Il se noue une belle relation entre la juge et ce jeune, qui interpelle fortement Fiona… je ne peux en dire plus, la surprenante fin amène à un autre type de réflexion encore…
Béatrice a également beaucoup aimé ce roman.