Comme une envie de... médiathèque
Comme une envie de... médiathèque
27 Novembre 2015
Les coups de coeur de Catherine
Le gardien invisible de Dolores Redondo
Le cadavre d'une jeune fille est découvert sur les bords de la rivière Baztán dans une étrange mise en scène. Très vite, les croyances basques surgissent : et si toute cette horreur était l'oeuvre du basajaun, un être mythologique ? L'inspectrice Amaia Salazar, femme de tête en charge de l'enquête, se voit contrainte de revenir sur les lieux de son enfance qu'elle a tenté de fuir toute sa vie durant.
Jonglant entre les techniques d'investigation scientifique modernes et les croyances populaires, Amaia Salazar devra mettre la main sur ce gardien invisible qui perturbe la vie paisible des habitants d'Elizondo.
Ce roman est le premier titre d'une trilogie (le troisième opus n'est pas encore traduit) qui se passe au Pays Basque espagnol. Une occasion de découvrir à travers un polar aux personnages complexes et attachants les croyances de cette région.
"Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer. - Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion. Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important je me lançai : - Heu... C'est quoi, une corde de bois ? " Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages. Indian Creek est un captivant récit d'aventures et d'apprentissage, un Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm comme une des grandes voix de l'Ouest.
Ce livre est un journal de bord captivant où l'auteur nous fait découvrir la solitude, l'apprentissage de la vie sauvage, des rencontres humaines et animales. Quelque part entre Bill Bryson et Sylvain Tesson.
Subhash, timide et conventionnel, et son cadet de quinze mois Udayan, expansif et rebelle, se ressemblent de manière troublante. Originaires de Calcutta, tous deux brillants élèves, leurs chemins se séparent à l'âge adulte quand l'aîné part aux Etats-Unis. Jusqu'au jour où Subhash reçoit le message suivant : « Udayan tué. Reviens si tu peux. » De retour en Inde, Subhash fait la connaissance de Gauri, la femme d'Udayan. Enceinte, elle est rejetée par sa belle-famille. Subhash lui propose de le suivre aux États-Unis et de s'occuper de l'enfant de son frère.
Le roman se partage entre deux continents. Le côté américain est représenté par le milieu universitaire féru de philosophie. Et puis ce qui aurait pu être un sauvetage par l'exil pour l'héroïne se révèle plus complexe tant il est difficile de se construire loin de ses origines.
Jonas Brand, 38 ans, vidéo reporter zurichois spécialisé dans les émissions télévisées people, réalise un jour qu'il est en possession de deux coupures de cent francs suisses dotées du même numéro de série, ce qui est impossible. Une succession d'événements qui seront liés intervient ensuite : un homme se suicide en se jetant d'un train et Jonas se fait cambrioler et agresser dans la rue.
Martin Suter continue d'explorer notre société occidentale et les dérives que l'on peut y observer. Et en effet, quel meilleur pays que la Suisse pour évoquer les magouilles liées à l'argent ? L'histoire est prenante et la fin fait réfléchir. Recommandation particulière pour les habitués du Café Phinanc&co.
Angleterre, 1947. Fenella Bancroft est bonne dans un manoir à Wannock et a perdu sa voix lors d'un bombardement à Londres. Jeanette Doolittle, femme de chambre au Grand Hôtel de Brighton, a perdu son mari sur le front dans le Nord de la France et aspire à le rejoindre. Un courrier mal adressé va croiser la vie de ces deux domestiques. Prix Landerneau 2015 (découvertes), prix Orange du livre 2015.
La construction narrative où alternent d'abord les voix des deux héroïnes de façon très rapide (2 ou 3 pages) nous permet de rentrer très rapidement dans l'histoire et de découvrir les personnages. Fenella va prendre plus de place au milieu du récit et sa liberté de ton malgré son handicap est rafraîchissante. Fanny Chiarello a fait fi pour nous parler de ces deux femmes des barrières sociales, des conventions de l'époque : elles sont libres ou vont le devenir.
Sa tête ressemble à un gros champignon et a un certain succès auprès de ses usagers, malgré la crainte qu'elle génère : il s'agit bien sûr de Mikoshiba, le maître des lieux de la bibliothèque pour enfants "la Rose Trémière". Que ce soit pour de mignons élèves d'école primaire, des lycéennes inquiètes pour leur activité scolaire ou des salariés perdus dans leur choix de vie, cette bibliothèque a toujours une histoire à proposer pour répondre à leurs soucis quotidiens...
Voilà, la bibliothécaire s'est lancée et lit un manga, un vrai : sens de lecture japonais, format poche, papier pourri et achat de lunettes-loupe pour lire les notes de bas de page. Mais c'est un manga sur les bibliothèques, alors forcément... Le contenu n'est pas inoubliable, les dessins ne me font toujours pas me pâmer, mais il est intéressant de voir la littérature jeunesse mondiale abordée par les japonais. Et la vie quotidienne de la bibliothèque n'est pas si différente de celle de Saint Savournin !
Regroupe les textes de six conférences où l'auteur rappelle que le défi de cette fin du XXe siècle n'est ni économique, ni politique, ou encore scientifique, mais un défi d'ordre psychique et mystique. Dans l'acception chrétienne, les épreuves que les hommes traversent sont autant d'étapes pour aller au-delà des apparences.
Christiane Singer, née à Marseille en 1943 et décédée le 4 à Vienne en Autriche, à 64 ans, est une écrivain, essayiste et romancière française.
Une lecture enrichissante et passionnante. Il y a des périodes dans la vie où la lecture d'un essai peut être plus stimulante que celle d'un roman.
A partir d'histoires de patients, en quête d'apaisement, de reconnaissance ou de sens, qu'il a traités en thérapie, le psychothérapeute donne à voir les liens qui se tissent entre un soignant et son patient et amène à s'interroger sur le sens de la vie.
Mais pour qui se prend donc Cluny Brown ? Cette question, tout le monde se la pose : son oncle, plombier mortifié par l'effronterie de sa nièce ; lady Carmel, sa patronne, dépassée par l'insolente décontraction de la jeune Cluny, et M Bélinsky, intellectuel polonais fuyant les nazis dans la campagne anglaise, intrigué par sa fraîcheur. Cluny Brown n'en a cure. Pour elle, une chose est sûre : la vraie vie est ailleurs. Reste à savoir où... Délicieuse comédie so british sur l'émancipation des femmes, oeuvre culte en Angleterre, adaptée à l'écran par Ernst Lubitsch, Les Aventures de Cluny Brown sont un vrai petit bijou d'humour et d'impertinence.
«Elle tricote. Je sors mon carnet. - Raconte-moi précisément ce qui s'est passé dans les convois... - Plus tard... Je rêve de recueillir cette histoire qui est aussi la mienne et elle s'y oppose comme une gamine butée. - Quand plus tard ? - Quand tu auras eu ton bébé.» Aravni garde farouchement le silence sur son passé. Sa petite-fille, Valérie, aimerait pourtant qu'elle lui raconte son histoire, l'Arménie, Alep, Constantinople et Marseille. Dans ce récit qui traverse le siècle, elle écrit le roman de la vie, ou plutôt des vies d'Aravni : de la toute jeune fille fuyant le génocide arménien en 1915 jusqu'à la grand-mère aussi aimante qu'intransigeante qu'elle est devenue, elle donne à son existence percutée par l'Histoire une dimension universelle et rend hommage à cette grand-mère «étrangère» de la plus belle façon qui soit.
La narratrice de ce roman est née en 1968. Famille française issue de la petite bourgeoisie installée en région parisienne. Père médecin et doué pour le bonheur, mère au foyer, belle, sportive, mais soumise, une sœur aînée adorée mais énigmatique. Caracolant sur les couleurs, les vibrations de l'époque, de Pompidou à Sarkozy, la gamine va peu à peu découvrir ses pouvoirs magiques, ceux que génèrent parfois la sensibilité, la mélancolie mais aussi la capacité à attraper les lueurs d'un bonheur même minime, pour risquer une échappée puis trouver un chemin vers la création. Un livre sensible et généreux comme un film de Claude Sautet.
