11 Avril 2016
Echapper de Lionel Duroy
Dans son roman La Leçon d'allemand, l'écrivain allemand Siegfried Lenz raconte l'histoire du jeune Siggy qui tente de comprendre comment son policier de père qu'il aimait tant a pu persécuter pendant la guerre un de ses plus proches amis, peintre de son état, que les nazis accusaient d'être un artiste dégénéré. L'auteur part s'installer quelques semaines à Husum, dans le nord de l'Allemagne, où se situe l'action de ce roman. L'endroit lui est d'autant plus précieux que, quelques mois auparavant, il y a entraîné pour un dernier voyage la femme qu'il a tant aimée et qu'il savait avoir perdue. Dans cette région austère et magnifique, au bord de la Baltique, il s'engage dans une quête multiple et obsessionnelle où il cherche à retrouver à la fois le souvenir si précieux des derniers moments passés avec sa femme, à visiter les lieux où se déroule le roman de Lenz, que celui-ci se révèle avoir en grande partie inventés, mais aussi à retrouver les endroits où a vécu Emil Nolde, le peintre ayant servi de modèle au personnage de Lenz.
Il y a beaucoup de choses différentes dans ce roman où se trouve aussi une forte part d'autobiographie comme souvent dans les textes de Lionel Duroy. Deux ont toutefois davantage marquées ma lecture. Tout d'abord l'importance des maisons et du lien que l'on tisse, parfois irrationnel et loin de toute considération spéculatives, avec elles. L'autre est la recension de la fin de carrière (et de vie) de Emil Nolde. L'auteur le suit à la trace et nous fait partager ses découvertes, ses questionnements notamment sur son attitude ambigüe par rapport au nazisme. Un roman riche, nourrissant, mais surement pas lourd à digérer.